Intelligence artificielle : quel impact sur l'emploi ?

Intelligence artificielle

Intelligence artificielle : quel impact sur l’emploi en France ?

Consultant en intelligence artificielle à Chambéry

Romain Le Berrigot

La meilleure défense reste l’attaque. L’adage vaut dans nombre de contextes. Il est à nouveau pertinent à l’ère de l’intelligence artificielle. Il est du devoir du dirigeant d’instaurer une politique d’innovation, d’encourager l’audace et de penser l’avenir. Cela passe au préalable par une sensibilisation des équipes aux possibilités et aux limites de la technologie apprenante, et à la mise en place d’un contexte favorable à la créativité.

10 avril 2023

Haiclor Consulting

Intelligence artificielle

L’intelligence artificielle va avoir un impact indéniable sur l’économie et le marché du travail. S’il est encore difficile de le quantifier avec précision, de premières études permettent de comprendre avec un peu plus de clarté ce qui nous attend.

Chat GPT, MidJourney, Dall-E : l’intelligence artificielle est bel et bien là, face à nous. Elle entre dans notre vie et influe déjà, par endroit, sur notre manière de concevoir notre travail au quotidien. Ses usages sont multiples, allant jusqu’à poser une question fondamentale mais légitime : l’intelligence artificielle va-t-elle nous remplacer ? Quoi que l’on en dise, son émergence et sa démocratisation ouvrent une ère nouvelle, qui aura un impact conséquent sur notre économie et sur l’emploi.

L’intelligence artificielle : vers une crise de l’emploi ?

Un sondage, réalisé aux États-Unis par Resume Builder, démontre déjà une tendance de fond. Ainsi, 25% des chefs d’entreprise ont déjà remplacé des salariés par ChatGPT, et 63% envisagent de le faire au cours des mois à venir. Le mouvement est déjà en marche et s’amplifie à mesure que l’intelligence artificielle se démocratise et dévoile tout son potentiel. Cela pose par nature de vraies questions sur nos modèles économiques et, plus largement, sur la stabilité de notre société, déjà marquée par de fortes disparités. Car ce n’est qu’un début. Le tsunami arrive, et les digues ne sont pas prêtes.

Ainsi, d’après une étude menée outre-Atlantique par l’Université de Pennsylvanie et Open AI, 80% des emplois pourraient être affectés, dont 19% très fortement, et ce uniquement sur la base de GPT-4. Encore plus perturbant : Open AI estime que seuls 34 métiers seront totalement épargnés par l’intelligence artificielle. Parmi eux : les couvreurs, les coiffeurs et les plombiers.

En tout, pour en finir avec ces chiffres à donner le mal de mer, selon Goldman Sachs, l’intelligence artificielle menace 300 millions d’emplois dans le monde et pourrait automatiser jusqu’à 25% du marché du travail en Europe, permettant au passage une hausse de 7% du PIB annuel. Rien que ça.

Vers l’obsolescence programmée de certains métiers

Alors non, cela ne signifie pas pour autant que l’intelligence artificielle va remplacer l’ensemble des jobs. Absolument pas. Certes, des métiers vont disparaître. D’autres vont profondément évoluer, ou émerger. Mais l’homme sera toujours au cœur des échanges et des expériences, avec sa pensée critique, son intelligence émotionnelle et sa créativité. D’ailleurs, jusqu’ici, à travers l’Histoire, jamais une innovation n’a provoqué une vague massive de chômage. Celle-ci fera-t-elle exception ?

Finalement, la question fondamentale sera surtout de savoir si, oui ou non, l’intelligence artificielle créera un nombre suffisant d’emplois, permettant de compenser à hauteur l’obsolescence inévitable de certains métiers. Difficile à dire à l’heure actuelle, mais nous pouvons tout de même établir certaines hypothèses fortes pour esquisser le scénario le plus probable.

Comment l’IA va impacter les employés de bureau

D’abord, oui, l’intelligence artificielle devrait proliférer massivement, mais par étapes, au sein de notre société. Elle va d’abord avoir un impact considérable sur le secteur du tertiaire, qui représente à l’heure actuelle 77% de l’emploi en France. « La plupart des employés de bureau vont être impactés à court-terme, confie Romain Le Berrigot, co-fondateur d’Haiclor Consulting. L’existence même de certains postes va être remise en cause. De fait, il va donc falloir accompagner les salariés vers une montée soudaine en compétences, pour atteindre une maîtrise avancée de cette nouvelle technologie. C’est la clé pour booster leur productivité et garantir leur employabilité dans la durée ».

Certaines entreprises vont devoir redessiner leur business model, voire radicalement pivoter. Mais pas que. Bon nombre de professionnels vont également être obligés de repenser leur métier, voire de se réorienter. Car l’intelligence artificielle, par sa capacité disruptive, vient certes automatiser des tâches, mais vient surtout réduire significativement le différentiel entre l’expert et le novice, notamment sur le plan technique. Ainsi, une personne avec de l’imagination et du goût prendra de fait le dessus sur l’infographiste, le photographe ou le dessinateur. L’être doué de culture, de créativité et d’esprit de synthèse s’imposera face au rédacteur.

Intelligence artificielle : la prédominance des idées

La prédominance technique sera définitivement remplacée par la prédominance des idées, pour le plus grand bonheur des entrepreneurs et des intrapreneurs. Il faudra ainsi se poser une question : quelle est ma valeur ajoutée par rapport à l’intelligence artificielle, et est-elle suffisamment forte pour qu’un tiers accepte de me rétribuer ? « Si l’on arrive à trouver son facteur de différenciation, alors l’intelligence artificielle ne sera plus une menace, mais une vraie opportunité, un levier pour gagner en autonomie, en efficacité et en précision », affirme Romain Le Berrigot.

En réalité, tous les pans de notre économie vont connaître des mutations, plus ou moins profondes, d’une manière ou d’une autre. Le sculpteur pourra se servir de l’intelligence artificielle générative pour nourrir son inspiration et élargir son imaginaire. L’artisan s’appuiera sur GPT-4 pour accélérer ses recherches de matériaux et faciliter sa gestion administrative. Le secteur du transport sera complètement retourné par la mise en circulation des véhicules autonomes. Les médecins seront hautement assistés dans leurs décisions, de même que l’ensemble du corps médical. Quasiment personne ne sera épargné.

La plupart des métiers seront impactés

Nous sommes au cœur une révolution technologique et globale qui va largement infuser dans notre société. Cela se fera à priori en plusieurs temps, comme une douce mélodie qui entre dans nos têtes pour ne jamais en ressortir. Alors, certes, les employés de bureau seront les premiers à voir leur quotidien profondément évoluer. Ça a déjà commencé.

Mais les métiers manuels ne seront pas épargnés pour autant. On perçoit déjà une esquisse de l’avenir quand l’intelligence artificielle rencontre et épouse la robotique, comme un sacro-saint mariage entre deux aventuriers fougueux, désireux de changer le monde, pour le meilleur comme pour le pire. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Open AI, qui a développé le modèle GPT-4, est active dans le développement de la start-up 1X Tech, spécialisée dans la robotique.

« Nous avons également vu des démonstrations impressionnantes sur le sujet, de la part de Boston Dynamics, avec un robot humanoïde qui est capable d’apporter une aide précieuse sur les chantiers, explique Romain Le Berrigot. En revanche, nous sommes sur du hardware, ce qui entraîne de facto la question de l’industrialisation. Le défi est non seulement d’aboutir à une solution fiable techniquement, mais également de réussir à proposer un prix de commercialisation acceptable. Il faudra donc attendre un bon moment avant que l’on puisse croiser ce type de robots au coin d’une rue. Mais je suis convaincu que ça arrivera de mon vivant ».

L’intelligence artificielle : l’impact sur l’emploi

Alors, l’intelligence artificielle est-elle un tsunami social ? Peut-être. En tout cas, une hausse du chômage semble une conséquence inévitable à moyen-terme. À partir du moment où l’intelligence artificielle permet de gagner en productivité et en autonomie, cela signifie que, pour une même charge de travail, une entreprise aura besoin de moins de personnes. Donc nier l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi serait une profonde erreur.

« Cette situation pose, par conséquent, de sérieuses questions sur le plan politique, d’autant plus dans un contexte social tendu, explique Romain Le Berrigot, consultant pour Haiclor Consulting. Il va falloir réorganiser la société pour l’adapter à l’émergence de ce nouveau monde, simplifier les passerelles entre les métiers et repenser le rôle de l’école. Nous sommes au début d’un long processus, et l’agilité sera la clé ».

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